JACKSON JAZZ
roman (345 pages)
Milt Jackson, vibraphoniste vedette du Modern Jazz Quartet, interprète d'une centaine d'albums entre 1940 et 2000, s'est imposé comme l'un des plus grands jazzmen de tous les temps.

En 1999, il se produit au Festival de Jazz de Montauban (France) pour un ultime concert. Interviewé par Robert Pico pour La Dépêche du Midi, il lui confie l'histoire de sa vie puis rentre aux U.S.A., où il décède quelques jours plus tard.

Ce roman passionné retrace l'incroyable histoire d'un des créateurs du style be-bop, celui qui a joué avec les plus grands : Charlie Parker, Thelonious Monk, John Coltrane, Ray Charles, Count Basie et beaucoup d'autres.

C'est aussi l'évocation de 60 ans de jazz, avec ses anecdotes truculentes, ses petits secrets. Un portrait sans concession de l'Amérique du racisme et des inégalités ; un roman black au tempo nerveux et rapide comme un solo électrique.

Pour commander : Les éditions LE CASTOR ASTRAL - FLAMMARION Union Distribution - 120 Francs
© 2000 -
Photo couverture : Chantal Longo (La Dépêche du Midi)

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EXTRAIT :

" Un soir de décembre, revenu à New York, je suis engagé au Madison Club. Une boîte minable de l’East Village qui sentait le salpêtre à plein nez. A New York, l’East Village, c’est Greenwich qui s’est déplacé de quelques blocs. Là se font théâtre, peinture et musique moderne. C’est un ancien quartier juif où se réfugient Portoricains et Noirs émigrés de Brooklyn ou du Bronx. Entre la 3e Avenue et St Marks on rencontre beaucoup de pop-artists attardés, de clodos et quelques jazzmen sans boulot. Et aussi pas mal de pétasses en goguette. A ce propos, Rita, la patronne du Madison Club, une grosse mal découennée, m’avait à la bonne. Avant d’entrer en scène, quand je " les " avais là, je me la faisais dans son bureau du premier étage, vite fait bien fait. Debout contre la porte des chiottes privées, ou à la " papa ", façon samedi soir, sur le tapis mexicain du centre de la pièce qui schlinguait la pisse de chat. La première fois que j’ai croisé Poussy, Poussy Cat, c’était là, au Madison Club, où je travaillais en quintette depuis quelques jours. Elle était venue en cliente. Du moins, je le croyais. Elle me reconnaît, me demande un autographe. Je fais le beau, au crayon à bille je lui marque un truc rigolo sur la cuisse, on se lèche la poire, tout ça … Impressionné par ses appas et sa silhouette de pin-up pour calendrier de G.I., je décide de tout faire pour me mettre à la colle avec elle, et plus si affinités. " Au moins une heure ou deux ", je me dis. Quelques jours plus tard, elle est engagée par Rita pour tenir le vestiaire et les gogues. (O.K. Rita ! sur ce coup-là t’as été bonnarde). Bref, charme en avant, un soir, entre deux sets, à Poussy je lui braque une méga pelle à la volée. Puis je l’invite le lendemain à grignoter quelque chose. Pour moi le restau, la première fois, c’est le test. Si la fille prend des amuse-gueules à l’apéritif, ça veut dire qu’elle aime les préliminaires. Très bon, ça, les préliminaires. Ensuite, si elle a envie d’un bon filet de bœuf, c’est qu’elle a une sacrée santé, et qu’elle aime mordre à pleines dents. Et si, au dessert, elle commande par exemple deux boules d’ice-cream et une banane flambée, alors là pas besoin de me faire un dessin, c’est qu’elle annonce la couleur, ça veut dire, et qu’avec elle, dans son 2-pièces-digicode-interphone, je vais grimper aux rideaux comme une bête. On se voyait forcément toutes les nuits. Lorsqu’elle montait dans la salle pour vendre des blondes de contrebande aux clients de la boîte, elle m’envoyait des œillades entendues. Vite informée, Rita faisait la gueule. Un soir elle me convoque dans son bureau. Menace de me renvoyer aussi sec. " Connasse ! je lui dis, tu peux pas me virer, j’ai un contrat. " Et comme j’étais au syndicat, je risquais pas grand-chose. J’avais le béguin pour Poussy. Le dimanche après-midi, nous allions du côté de Battery Park, au sud de Manhattan, pour voir les bateaux. On se baladait bras dessus bras dessous, on causait politique – elle, pro-républicain, moi, gauche démocrate -, nous mangions des smothered with onions en avalant du thé glacé. Nous nous disions que nous nous aimerions toute la vie. (Le mensonge, c’est comme la Sainte-Vierge, si on ne le fait pas apparaître de temps en temps, on arrive à douter de soi. Et on se chie le tempérament dans les grandes largeurs.) "